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Pour suivre mes pérégrinations créatives, sources d’inspirations ou encore des métiers et des savoirs faire toujours en rapport avec les arts textiles.

Virilité délicate brodée gallerie

Qu’est ce qu’une femme virile ? Qu’est ce qu’un homme délicat ? Quels sont les symboles sociaux de la virilité, de la force, de la masculinité, et quels sont ceux de la féminité ? De quelles manière les faire dialoguer entre eux ? C’est de ces nombreuses questions qu’est née cette collection.

A partir de définitions scientifiques, historiques et d’expressions que j’ai souhaité imager. Dessiner des noeuds aux cerveaux. Broder toucher en plein mille. Réaliser une cage dorée. Pour étudier les limites de ce qui sépare le masculin du féminin, partir d’une dualité pour en faire une unicité contemporaine.

Mêler des contraires, jouer avec les oxymores. Imaginer une réalité chimérique. Pour penser une union délicate d’une profonde virilité toute féminine en incorporant des idéaux masculins dans une pratique profondément féminine. En utilisant des images brutes avec des perles de nacre, des fils de paillettes et des couleurs pastels.

– Défaire son colier de perles –

 

– Cage dorée –

 

– Amour –

 

– Evant’hâche –

 

– Dégustation –

 

– Piqure –

 

– Machine à fleurs –

 

– Se perdre –

 

– Piquer –

 

– Noeud au cerveau –

Virilité délicate

Pour cette quatrième série de broderie, j’ai voulu présenter quelque chose de plus expérimental, qui sortirait du cadre de la broderie moderne, faire un pas de côté de la vision classique de la féminité et y ajouter de la dureté et de la virilité.

L’origine de cette collection est née de la broderie d’une cible où une femme joue en lançant une épingle à cheveux sertie de fleurs. Une broderie réalisée à mes tout débuts et que j’affectionnais pour sa singularité. J’ai voulue perfectionner ma technique avant de créer une collection dont elle serait l’inspiration. Je l’ai montré à de nombreuses personnes pour avoir des remarques et des avis, et la notion qui m’a le plus marquée est celle de virilité, d’une virilité féminine et délicate.

J’ai ensuite pris le temps d’analyser l’imaginaire autour de ce mot pour saisir l’essence de ce que constitue la virilité dans nos société. J’ai cherché des images, réfléchi à des mises en scènes, à des mélanges d’idées.

Cependant cette collection m’a fait me remettre beaucoup en question, essentiellement sur le fait de vouloir quelque chose de profond et réfléchi ,mais j’ai eu le sentiment d’y perdre de la délicatesse et de l’abstraction, d’y mettre un sens qui n’avait pas besoin d’être si viscéral pour perdre la douceur des précédentes collections.

Je me suis également remise en question par rapport aux dessins. Mes dessins qui ne dialoguent finalement pas si bien avec le fil. La question de l’affiliation du dessin était un sujet important puisqu’elle marquait le fait de créer seule ou en collaboration et je réalise avoir préféré reprendre les illustrations de professionnels dans les broderies littéraires en les réinterprétant.

A vouloir trop chercher du sens, j’y ai perdu le sens en essayant de broder une vue de l’esprit. Pour réaliser certaines broderies qui pour la première fois seront cachées.

Atelier de Plumasserie

A l’approche de l’automne puis au début du printemps j’ai eu la chance de me rendre dans l’atelier de Mélissa Pasquiet grâce au site Wecandoo pour y découvrir son artisanat : la plumasserie ou l’art et les techniques pour magnifier la plume. 

La plumasserie est un art millénaire consistant à travailler avec des plumes d’oiseaux pour créer des objets de décoration ou des accessoires. Cette pratique était très populaire au XVIIIe et XIXe siècle, notamment dans les milieux aristocratiques. Les plumes étaient utilisées pour décorer des chapeaux, des éventails, des bijoux et des vêtements. Aujourd’hui, la plumasserie est encore pratiquée par quelques artisans passionnés, qui perpétuent cette tradition. Mélissa nous a accueillit dans son atelier « le mur habité » à Rennes où nous avons pu découvrir entre ses ouvrages sur les oiseaux ses créations : des fleurs de plumes, des abats-jours, des guirlandes et de nombreux kakémono.

Pour le premier atelier, nous avons d’abord débuté par le choix ardu des plumes, décision longue et flottante tellement le choix chromatique était étendu. Nous avons ensuite découvert le vocabulaire anatomique : le culot, le duvet, les barbes , les barbules, les plumes en coquilles, les panpilles ; pour trier et sélectionner avec attention les plumes adaptées à la réalisations de nos broches. Après avoir sélectionné les plus belles plumes, à nous en colorer le nez, nous avons pu les transformer en les coupant, déplumant avec les gestes que Mélissa nous a transmis avec passion : les mouvements du poignet, les rotations d’une main par rapport à l’autre à l’aide d’une pince fourreur, pour voir apparaître nos créations à partir des différentes pièces colorées.

Le second atelier nous a permis d’approfondir les techniques avec, par exemple, le passage à la vapeur  à l’aide d’une petite passoire et d’un steamer pour  défroisser les plumes délicatement sans les tremper. Nous avons ensuite coupé et disposé les plumes de faisans de colchide en quinconce en tentant d’être carrés  et de respecter des distances et des écarts entre les centres des plumes ou en nous centrant sur l’harmonie globale pour réaliser un flou. Mélissa a pu nous expliquer que le résultat final est très différent d’une personne à l’autre, certains doués pour le flou, d’autres plus pour le carré, à l’image des artisans qui pour certains n’arrivent q’à l’un ou l’autre. D’ailleurs, pour cette raison, lors de la confection de grands ouvrages en haute couture, les mains tournent, pour que l’ensemble soit homogène.

Il ne reste presque plus de plumassier en France, une cinquantaine exercent aujourd’hui. Un CAP de deux ans permet de s’y spécialiser, mais c’est avec une dizaine d’années de pratique que les techniques sont maîtrisées. Des techniques commencent à se perdrent, puisqu’elles sont peu utilisées dans la haute couture et de nouvelles apparaissent avec par exemple l’utilisation de la machine à coudre pour incorporer les plumes avec du fil.

Deux jolis stages, des techniques précieuses à incorporer certainement dans de futurs créations 🙂

Cocon créatif

L’atelier est né dans un appartement inspirant, perché au dernier étage, tel une volière sous les toits. Un lieu plein de cachet et de calme, avec un angle dans la chambre, une parcelle nichée près de la fenêtre à habiter. Au balbutiement un bureau rempli de tout et rien pour créer, un lieu pour lire, pour penser, accompagné d’une tasse de thé.

Avec la découverte de la broderie, la fureur de la broderie, le matériel s’entasse : les carnets, les perles, les tissus et les fils ne trouvent plus leurs places. Un bureau puis une étagère, des classeurs et des carnets en abondance, des livres techniques ou d’inspiration, en français ou en japonais.

On pouvait même trouver un caneva maritime au centre du fauteuil de création, comme le phare et sa lumière où l’on dépose ça barque, le phare que l’on trouve avec son embarcation après avoir cherché mille chemins dans la tempête. Et puis ce phare pour l’océan, la mer et l’eau qui apaise. Ce jont de mer rempli de peintures, teintures et tissus pour se croire près de l’eau.

Du matériel qui devient professionnel, un tréteau, un métier à broder, une lampe loupe pour préserver ses yeux. Des flacons pour trier les perles, des boîtes de thé pour ranger les fils. Un ancien meuble d’atelier. Et puis ces tambours silencieux qui résonnent dans le fracas de mes pensées pour y percer l’harmonie.

Avis Aiguille en fête 2023

Porte de Versailles du 9 au 12 mars 2023 au salon Aiguille en fête à Paris où parmi les fils et les aiguilles je navigue à la quête de perles précieuses et de trésors. 

Je commence avec un atelier de confection de poupées japonaises : une petite geisha aux joues poudrées aux cheveux de fils et habillée de chutes de kimonos, coupées et repassées avec soin par Kaoru Diop de l’atelier Tchaba. Y découvrir comment sculpter de petits objets avec du tissu, des petits objets qui pourront être brodés avant d’être assemblés.

Un livre de peluches japonaises « Felissimo Happy Toys Project », pour continuer à comprendre comment imbriquer les étoffes. Des patrons pour réaliser des vêtements, des kimonos, de la lingerie. Des étoffes japonaises de chez Jinh Paris et Nuno Tissu Japonais. Pour réaliser ses propres kimonos.

De la poésie avec le Petit Prince : des modèles au point de croix pour les naissances à venir. De la délicatesse avec des objets issus de l’artisanat : un poinçon, un range aiguille et un coussin à épingle. Des paillettes avec des fils métallisés au vers à soie et au chinois.

De nouvelles techniques de broderie avec la broderie au ruban de soie : le point de ruban, le point d’accordéon. L’espoir de dépoussiérer ces techniques en les ajoutant à des compositions dans des teintes sombres. 

Et surtout la découverte de l’atelier manqué l’année passée : le Nuido, la broderie japonaise au fil de soie. Le temps et la patience de ces réalisations à travers la maîtrise de la soie : la tendre, la lisser, la couper, la démêler, découvrir quelques points. Les discussions avec les brodeuses passionnées et passionnantes. Un accord qui sonne juste.

Une mine d’or d’apprentissages, de nouvelles techniques à utiliser, de nouvelles idées à pondre, à réaliser. Et pleins de gommettes vertes des enseignants lors des ateliers.

Retraite hivernale au canevas

Une envie de reposer ses yeux sous les lumières douces de l’hiver. Préparer sa retraite avant de débuter son activité. Créer de grands ouvrages, des ouvrages simples mais imposants. Etre absorbée par des nuances de couleurs, des dégradés chatoyants imposés et se laisser guider par un point répétitifs. 

Ces canevas m’ont accompagnée durant les longs mois d’hiver alors que je recherchais la chaleur. Les longs fils de laine venant nous réchauffer, tel un plaid à compléter. Du coloriage à l’aiguille de tapisserie.

Broder et poursuivre le geste en laissant la créativité se reposer. Suivre les couleurs sans avoir besoin de compter les points. Perdre des nuances la nuit et les redécouvrir le jour. Réfléchir à une architecture pour savoir où commencer, aller en haut à droite en bas à gauche, faire un Tetris de croix pour utiliser le moins de fil possible.

Vers la fin découvrir des points fait à l’envers, des points perdus lors de la réalisation, des imperfections que je serai la seule à voir. Puis, les transformer en coussins de velours et de dentelle pour agrémenter l’atelier y donner une touche traditionnelle dans sa modernité.

Le canevas revient à la mode avec des couleurs et des motifs modernes. J’ai choisi des motifs kitch des teintes anciennes dénichés dans les antiquités du bon coin. Reprendre des canevas abandonnés, choisis, mais qui n’ont pas pu être terminés et leur redonner une vie.

Recommencer

Essayer de reprendre de zéro, trouver une autre harmonie, chercher d’autres routes et d’autres sens, retrouver le fil. Au balbutiemment de ce site et de ce blog, c’est aussi mon balbutiement vers des chemins plus artistiques qu’intellectuels tout en tentant de mêler –sans s’emmêler – les deux pour se démêler.

Alors avec mon tambour des fils et mon aiguille, je pars à l’aventure des pratiques, des plastiques avec l’expressivité et la curiosité pour moteur. Je tenterai de documenter ici mes expérimentations et voyages à la découverte de nombreuses pratiques, en tentant de créer un chemin parmi ces sentiers.

Lors de ce voyage j’aimerai essayer de me définir, trouver ce qui fais le plus sens, ce vers quoi j’ai le plus d’affinité. J’essaie de cadrer tout cela avec comme point de départ les arts textiles et ce qu’on peut y mêler : la couture, la teinture, la peinture sur soie, la plumasserie, le macramé, la dentelle en me perdant des fois dans des recoins à faire des photophores ou des compositions florales. Tout cela pour découvrir ma singularité textile sans oublier le dessin et la photographie pour gagner en liberté.

S’approprier le Tarz (la broderie marocaine) pour renouer avec une de ses terres, apprendre le Nuido (la broderie japonaise) pour aller vers une terre de cœur, apprendre la broderie d’Art à Nantes terre d’adoption. D’autre escapades que j’aimerais documenter et archiver ici, pour transmettre ces affinités, donner envie, rendre accessible et tenter d’avoir une pratique complète.

Parsemer l’ensemble de la danse, porter ces textiles ajourés, les faires vivre en y intégrant le corps et le mouvement pour ne pas se perdre dans l’étriquement de la pièce exposée et éviter de se bloquer le dos et le cou dans l’étude des matériaux.