J’ai été plutôt silencieuse ici cette année, car en coulisse, je préparais le CAP Art de la Broderie en candidat libre. Un diplôme de broderie, oui, mais avec très peu de travail à l’aiguille. L’outil principalement utilisé est le crochet de Lunéville. C’est un outil développé dans l’Est de la France, dans la ville de Lunéville.
La pose de perles et de paillettes ne date que du XIXe siècle, une époque où il existait plus de cinquante ateliers de broderie dans la région de Nancy. Aujourd’hui, la tradition perdure essentiellement grâce au Conservatoire de la Broderie, au château de Lunéville, ainsi qu’au lycée Paul Lapie, où j’ai passé l’épreuve de mise en œuvre du CAP.

Ça a été un long périple : des mois de révisions, de pratique, de théorie, et de montagnes russes émotionnelles à ne pas savoir si j’allais pouvoir passer l’examen. Je vais tenter de vous résumer tout ça ici.

Depuis cette année, il est nécessaire de réaliser un stage ou une formation dans un atelier de broderie pour pouvoir se présenter aux examens. Heureusement, je suis encore des cours avec d’anciennes petites mains. Mais un mois avant l’examen, en plus des attestations, j’ai dû présenter des rapports d’activités ainsi que des photos des ouvrages réalisés. Le jour de l’examen, certaines personnes ont commencé l’épreuve de broderie mais ont dû sortir de la salle car elles n’avaient pas tous les justificatifs…

Cette épreuve, qui s’annonçait prometteuse grâce à l’utilisation d’un tissu transparent, s’est révélée difficile en raison de la complexité des points et de la technicité des fils choisis. Le sujet : des planètes et la Voie lactée, avec des fils de soie, métalliques, des points tirés et une immense zone de vermicelle – le point que je maîtrise le moins, et sur lequel j’avais fait l’impasse… Le ponçage s’est plutôt bien passé : j’ai pu tester la machine à piquer et la poudre sur du saupalin. L’oral de technologie textile s’est également déroulé relativement bien : dans quels secteurs retrouve-t-on la broderie ? Quelles précautions faut-il prendre avec les appareils électriques ? Quelles sont les règles à respecter lors du piquage ?

Après cette épreuve, j’ai profité de quelques jours à Lunéville avant de repartir à Nantes pour la dernière partie du CAP. Pendant cette parenthèse, j’ai voulu explorer ce qu’il reste de la broderie à Lunéville. Je suis allée en librairie, en mercerie, même à la médiathèque… mais rien : pas d’archives, pas de fonds spécialisés. Seul le Conservatoire, animé par des bénévoles passionnés, permet encore de découvrir des broderies anciennes et des robes issues de la haute couture.

Retour à Nantes pour la dernière épreuve : Arts appliqués et Histoire de la broderie. Des photos floues pour lesquelles il fallait deviner les points utilisés, et un dessin de costume de clown à réaliser, avec des motifs de planètes et un fond évoquant la Voie lactée.

Quelques semaines de doute plus tard… les résultats tombent : positifs. J’ai l’impression d’avoir parcouru la moitié du chemin de cette reconversion. Avec ce diplôme en poche, je m’engage pleinement dans cet artisanat, et dans la valorisation du patrimoine lié aux textiles.