C’est en Normandie, dans un ancien haras, que s’est installé le dernier fabricant de paillettes pour la broderie : les Ateliers Langlois Martin. Classée également Entreprise du Patrimoine Vivant, cette manufacture n’ouvre ses portes au public qu’un week-end par an, à l’occasion des Journées du Patrimoine. Lors de cet événement, j’ai pu découvrir l’atelier et ses savoir-faire uniques. En effet, deux métiers y sont préservés pour la fabrication des paillettes modernes : le vernissage et le découpage.

La matière première utilisée est l’acétate de cellulose, issue de la pâte de bois. C’est une matière écologique, qui se dégrade plus rapidement que le polyester — un dérivé du pétrole utilisé auparavant. La cellulose arrive sous forme de plaques blanches, noires ou transparentes. La première étape consiste à leur appliquer un vernis afin d’obtenir la teinte souhaitée. Plus d’un millier de couleurs sont disponibles et répertoriées sous forme de recettes, mais de nouvelles peuvent également être créées à partir d’échantillons. Ces teintes peuvent être modulées par des effets de brillance grâce à l’application d’une poudre secrète. Des effets marbrés ou des mélanges de couleurs sont également possibles pour créer des rendus uniques.

Après le vernissage, les plaques sont découpées pour former des paillettes, des cuvettes, des cabochons ou encore des formes originales. Les Ateliers Langlois Martin conservent une vaste collection de moules correspondant à chaque forme de paillette. Une partie de la production est automatisée, mais près de la moitié est encore réalisée manuellement, en poinçonnant les plaques à l’aide d’outils spécifiques.

Les paillettes modernes ont parcouru un long chemin depuis les premiers « paletots » en métal qui ornaient les lourdes robes de haute couture. L’un des projets des Ateliers Langlois Martin serait la création d’un musée, à l’image de l’usine Bohin, afin de retracer l’histoire de ces fournitures de broderie et d’évoquer les défis auxquels le secteur a dû faire face. En 1900, on comptait environ 70 entreprises spécialisées : aujourd’hui, Langlois Martin est le dernier représentant de ce savoir-faire.